L’école d’automne Utilités Actuelles, organisée conjointement par l’École supérieure de design · Villefontaine, l’UR ECLLA et l’Institut ARTS de l’Université Jean Monnet Saint-Étienne, l’École supérieure d’arts appliqués La Martinière-Diderot Lyon, propose de croiser trois approches complémentaires du design, en termes de pratiques, de formation et de recherche, autour des utilités actuelles du design, en cohérence avec le thème 2025 de la France Design Week, Utile.
À La Martinière-Diderot, une journée de tables rondes sera consacrée à la question des surfaces utiles. Souvent réduite à des fonctions visibles ou immédiates — s’asseoir, contenir, porter — les métiers de la conception tendent à négliger les effets plus diffus des matériaux et des surfaces. La surface, reléguée au rang de peau décorative ou de simple finition, est ainsi perçue comme superflue, accessoire, futilité. Et pourtant, elle peut protéger, signaler, soigner, réguler, autant qu’elle peut faire sentir, faire percevoir, faire réagir — être utile. Elle engage le corps, l’environnement, et nos manières d’habiter le monde.
Cette journée vise à ouvrir un espace de réflexion critique et sensible sur le rôle et la considération des états de surface dans les pratiques contemporaines du design — qu’il s’agisse de design textile, graphique, produit, espace, ou de recherches plus expérimentales autour des matériaux sensibles.
Nous poserons la question : que peut une surface aujourd’hui ? Peut-elle devenir un levier d’action climatique ? Un vecteur d’attention ? Un outil de transformation sociale, sensorielle ou narrative ? Quelle relation à l’usager ?
C’est ce dialogue — entre l’utile, l’inutile, le nuisible et le subtil — que nous chercherons à mettre en discussion tout au long de la journée.
Deux tables rondes structureront les échanges: « Les statuts de la surface en question » et « Les états de surface en action ».
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9h15-9h30 ◆ Accueil ◆
9h30 ◆ Mot de bienvenue ◆ Mme Natale, proviseure de La Martinière Diderot
9h45 ◆ Ouverture ◆ Roxane Andrès ◆ Designer-chercheure et enseignante, ESAA
La Martinière-Diderot ◆ Surfaces utiles
10h00 ◆ Table ronde 1/2 ◆ Les états de surface en action ◆
Cette session examine la performativité des surfaces : comment des configurations matérielles et physiques (textures, couches, traitements, colorations, ennoblissements, couplages avec l’électronique) produisent-elles des effets sensibles, perceptifs et cognitifs ? Considérées comme actives, ces surfaces appellent une évaluation de leurs propriétés et de leurs effets — perceptibles, mesurables, actionnables — et de la manière dont elles orientent, en situation, gestes, sensations et comportements.
Mathieu Hébert ◆ Ingénieur et chercheur diplômé de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, Professeur des universités de l’Université Jean Monnet Saint-Etienne et de l’Institut d’Optique Graduate School ◆
Les procédés de texturation de surfaces ont énormément progressé avec le développement des techniques laser et des technologies numériques. Ces progrès permettent d’envisager de nouvelles fonctionnalités physiques et visuelles à de nombreux types de surfaces.
Il sera question des nouveaux concepts d’impression d’images, impossibles à contrefaire ; ainsi que de la mesure physique d’attributs d’apparence : couleur, brillant, etc.
Claire Eliot ◆ Designer, doctorante à l’ENSAIT, université de Lille, laboratoire du Gemtex, fondatrice de Studiotech, enseignante à l’ENSAIT Roubaix ◆
Les matériaux souples, par leurs propriétés tactiles intrinsèques, opèrent un changement de paradigme dans notre relation aux objets numériques et aux interfaces. L’e-textile, par son hybridation, permet d’envisager la conception de nouvelles interfaces plus sensibles, plus proches du corps et de notre rapport physique au monde.
Sara de Gouy ◆ Architecte, designer d’espace et artiste ◆
Sara de Gouy présentera son travail sur la couleur, toujours pensé en résonance avec un
contexte, qu’il soit spatial, sensoriel ou lié aux usages. À partir de trois typologies de pro-
jets différentes, elle montrera comment les surfaces colorées, dans l’espace, ne sont jamais
envisagées comme un simple habillage, mais comme une résonance contextuelle.
11h45 ◆ Temps d’échange avec le public puis pause méridienne ◆
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14h15 ◆ Table ronde 2/2 ◆ Les statuts de la surface en question ◆
L’après-midi proposera une mise en perspective, à la fois historique et contemporaine, de la
perception, des rôles et des effets des surfaces dans le design, ainsi que des critères de valeur
qui les qualifient. Nous discuterons également de leur portée éthique, sociale et écologique, et de
la manière dont ces dimensions orientent l’évaluation et les choix de projet. Les interventions
mettront au jour différents régimes de valeur des surfaces — l’utile, l’inutile, le futile et le nuisible
— et leur glissements possibles.
Clarisse Barbot ◆ Designer, doctorante au Centre de Recherche en Design ENS Paris-Saclay/ENSCI et du laboratoire de Chimie PPSM, chargée de cours en Master de Recherche en Design de l’ENS Paris-Saclay ◆
L’exigence de solidité des teintures, devenue une norme culturelle et technique, sera interrogée à travers son histoire et sa remise en cause par l’essor des colorants biosourcés. Cette réflexion posera la question de la pertinence de cette solidité face aux enjeux écologiques contemporains.
Roxane Andrès ◆ Designer-chercheure, PhD, enseignante LMD, chercheure associée au Centre de Recherche en Design ENS Paris-Saclay/ENSCI
La perception contemporaine de la couleur hérite d’un long processus de standardisation, qui a figé ses usages et ses valeurs. Et si l’instabilité, la fugacité, l’impermanence devenaient des critères de qualité et d’utilité dans le domaine de l’ennoblissement textile ? À travers la notion de couleur atmosphérique, il sera question de l’agentivité des couleurs naturelles — celles qui se transforment avec la lumière, se laissent altérer par leur environnement — et invite à repenser nos régimes de valeur à l’aune de l’humilité, de la fragilité et de la résilience.
Théo Mahut ◆ Designer, PhD en innovation et conception, Agence Pixelis.
Retour sur le projet de recherche GoodMood Laboratory: une recherche (et un voyage) qui interroge les perceptions des surfaces selon différentes cultures et comment on traduit ces surfaces tactiles en phase de conception.
16h00 ◆ Temps d’échange avec le public puis clôture de la journée ◆
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Image : Claire Eliot © Quentin Chevrier