Depuis une vingtaine d’années, les nouvelles aspirations sociétales et les transformations technologiques ont engendré l’émergence d’une société collaborative et de contribution. Visible au sein du design, de l’architecture et dans notre société de manière générale, le phénomène de co-création semble s’inscrire dans cette tendance contemporaine. Semblant avoir toujours existé, la création collective entre cependant dans une ère nouvelle impliquant désormais trois dimensions discordantes aux premiers abords et pourtant absolument inhérentes : une collaboration humaine visiblement remodelée, un espace devenant à son tour faiseur, puis finalement une coopération entre l’homme et la machine résolument plus créative. Ces «espaces du faire» favorisent la rencontre de profils hétérogènes et à la construction de biens communs.
Ce phénomène contemporain de co-création se caractérise donc, dans un premier temps, par l’effondrement de la frontière séparant jusqu’alors producteurs et consommateurs et laissant ainsi place à de nouvelles pratiques collectives: une introduction de l’usager (devenu contributeur) au processus de création, des collaborations inédites interdisciplinaires et une réinvention de la figure de l’amateur. Nous assistons alors à l’émergence d’une production distribuée permettant à l’homo reciprocans du XXIe siècle d’assouvir son puissant désir de contribution et d’autonomie. Ces espaces se définissent comme des tiers-lieux, espaces physiques regroupant une multitude de structures et d’organisations singulières, ou comme des communautés virtuelles adoptant l’Open Source. Également considéré comme des «espaces faiseurs», ces lieux collaboratifs sont à la fois formateurs et faiseurs de contribution. Ils induisent l’action de contribution et ils libèrent l’action de création : ils prennent, en quelque sorte, part à la création et deviennent à leur tour collaborants. Finalement, la définition de la co-création admet une troisième dimension liée au développement d’une collaboration inédite entre l’homme et la machine, et plus précisément entre l’homme et l’appareil devenant, selon certaines conditions, un acteur autonome participant à cette collaboration à part égale.