Les vêtements, durant les différentes phases de leur existence, s’infusent de ce qui les entoure, comme des buvards de leur environnement. Qu’ils entrent en contact avec des corps, du mobilier, ou qu’ils soient sujets à des manipulations, ils sont marqués et façonnés par les éléments qu’ils rencontrent. Ces persistances textiles apportent au vêtement tour à tour des corporéités, des plis, des volumes. Si dans une majorité des cas, ce sont des éléments que l’on cherche à faire disparaitre ou à minimiser, il est intéressant pour un designer d’en prendre le contrepied, et de les imposer de manière consciente, voire exagérée. En adoptant ces formes, l’objet vêtement questionne les frontières entre art et design, et tend à devenir objet sculpture. Il s’absout alors du corps pour devenir une entité autonome. Ainsi, même porté à nouveau, l’autorité du corps sur l’habit disparait. Les deux parties (corps et objet) évoluent en tolérance l’un envers l’autre, jusqu’à ce que le vêtement lui même impose son règne.