Exotique, hétérotopique, perdue ou vierge, que révèle l’étymologie de ces qualificatifs que l’on prête à l’île ? Elle révèle notre appréhension de l’île comme territoire de l’autre, de l’ailleurs, ou du dehors, s’opposant à un même, un ici et un intérieur. Ces oppositions et polarités structurent et rendent abordable notre appréhension de l’espace. Or, l’île parce qu’elle borde, ne tient pas plus du dedans que du dehors, de l’ici que de l’ailleurs. Elle est avant tout un territoire du bord, un espace seuil.
Dans un contexte de crise environnementale et humaine globale (plus prospective que fictive), l’humanité fait le constat d’une incompatibilité chronique entre les dynamiques en jeux dans sa façon d’habiter le monde et la réalité même de ce monde, un espace fini et fragile, une île absolue. Dans un futur proche se multiplient entre terre et ciel des chemins suspendus long de 7 kilomètres où des pèlerins volontaires dans un geste ultime et tentant de réconcilier l’île à son image d’espace du salut, marchent vers la mort puis l’annihilation. Oscillant entre commencement et sclérose, l’île est à l’espace ce que l’aube et le crépuscule sont au temps.